Kawah Ijen - Les forçats du soufre

Salut à tous,

Aujourd'hui, je vous emmène au fond du cratère du Kawah Ijen à l'Est de l'île de Java et surtout auprès des gens qui y travaillent, les mineurs qui exploitent le soufre en son sein.

Départ à 00h00 pour l'ascension, je pars avec Daniel, un Hongrois que je viens de rencontrer à l'auberge de jeunesse. Notre hôte et son frère viennent nous chercher en scooter, et c'est parti pour une heure de route à travers les campagne du Java Oriental, de nuit, sous la pleine lune. Nous montons de 1700 mètres et arrivons au départ de l'ascension du Kawah Ijen.

Un café vite enfilé et nous voilà en route. Deux heures d'ascension qui piquent un peu après 45 minutes de sommeil. En chemin, nous croisons les premier porteurs qui montent avec leurs chariots, ils ont le sourire. Nous arrivons au sommet en premier, le flux de touristes faisant aussi l'ascension est derrière nous. Nous décidons de descendre dans le cratère, bien qu'un des guides nous ai dit que la compagnie d'un guide local est obligatoire. Daniel est plutôt du genre "je me débrouille tout seul", je le suis.

Après 45 minutes de descente, nous arrivons au fond du cratère, entre les flammes bleues, résultats du contact entre les vapeurs de soufre à 200°C et l'oxygène. Les mineurs de soufre sont là.

...

Le Kawah Ijen est un volcan explosif actif depuis plusieurs siècles qui culmine à 2386 mètres, son nom signifie "cratère vert" en Javanais. Sa dernière éruption date de 2002.

Son cratère accueil donc de nombreuses solfatares (j'ai appris le mot en même temps que vous) qui sont des fumerolles recrachant du soufre à très haute température. Ce que crache ces solfatares est un mélange de dioxyde de soufre, de sulfure d'hydrogène, de vapeur d'eau et d'acide chlorhydrique. Ces vapeurs sont causées par l'infiltration de l'eau acide du lac du Kawah Ijen, le plus acide du monde qui est à 200 mètres, et qui, au contact du magma en profondeur, se vaporise.

Les mineurs ont installé des fûts en métal permettant de canaliser les vapeurs et de les refroidir, accélérant ainsi leur solidification, et par la même l'exploitation des concrétions jaune de soufre. Certains fabriquent des petits objets en soufre qu'ils vendent pour arrondir les fins de mois.

C'est dans une atmosphère irrespirable que ces hommes travaillent, au contact de nombreux composés acides, ils n'ont aucune protection respiration, et moi, avec mon masque à gaz de touriste, je pleure et crache mes poumons... 

Nous nous retrouvons donc au milieu de ces hommes, nous sommes spectateurs l'espace d'un instant de leurs destins, ça prend aux tripes, je me sens un peu voyeur pour le coup. 

Une fois les blocs brisés à la barre à la mine, ils les chargent dans deux nacelles portées sur les épaules, entre 80 et 100 kg de soufre, et remontent le cratère jusqu'à la station de pesée au sommet, par un chemin escarpé, avant de redescendre. Le soufre est alors descendu par chariot jusqu'en bas, les chariots remontent ensuite, pour 4 à 5 voyages par jour. 

De 1 h du matin à midi, 6 jours sur 7, toute l'année, un rythme harassant pour un prix de vente de 0,05 euros le kilos de soufre, pour ces hommes dont la durée de vie se situe entre 40 et 50 ans.

Le soufre sera ensuite amené en camion jusqu'à l'usine de traitement, il sera utilisé pour des cosmétiques, des insecticides ou encore des engrais...

Nous redescendons du volcan, croisons les porteurs qui en sont à leur deuxième ou troisième voyage de la journée, entre deux touristes faisant l'ascension comme nous, et je me dis qu'on a énormément de chance d'avoir le choix.

Kawah Ijen - Les forçats du soufre
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