Mont Semeru - La montée sans fin
21 nov. 2016Salut à tous,
Aujourd’hui, rien de bien particulier au niveau sonore, mais je vous emmène au sommet de la plus haute montagne de l’île de Java, le mont Séméru, un volcan gris (explosif) qui culmine à 3676 mètres. Son nom vient du Meru, la montagne dans l’hindouisme qui est l’axe du monde et le domaine des dieux.
Je ne sais pas ce qu’il m’a pris de vouloir me lancer dans cette aventure, mais après avoir discuté avec Daniel (le pote hongrois dont je vous avais parlé dans le post sur le Kawah Idjen) qui venait de le faire, je me disais que ça pouvait être un bon défi personnel.
Le semeru se situe au coeur du Bromo-Semeru-Tengger National Park qui est donc un immenese parc à l'activité volcanique importante. Je décide donc de faire les ascensions du Bromo et du Semeru.
En quittant Banyuwangi après 2 superbes journées, je pris le train pour Probolinggo, sur la côte Nord-Est de l’île de Java et une des villes de départ pour le parc national de Java. Alors, déjà, j’ai été super agréablement surpris par le train indonésien, à l’aise, au frais, pas cher… je pense que ça sera mon moyen de transport préféré pour le prochain mois !
Je vous épargne le maintenant classique « arriver à la gare – se faire alpaguer – négocier – finir dans un bus local - ne pas aller au bout – finir dans un scooter ». 1h de scooter donc après, me voilà au village de Sémoro Lawang, aux portes du parc national. On a perdu 15°C et une épaisse brume recouvre tout, on se croirait dans les Alpes en plein hiver !
Je ne perds pas de temps, dans la nuit qui suit, je me lève à 3h00, je rencontre un couple de français en sortant de ma guesthouse et commence l’ascension classique avec eux du Pananjakan pour avoir le point de vue sur le Batok, le Bromo et le Séméru au loin. Je regarde ce dernier, il est immense et dépasse allégrement de tous les monts aux alentours, de plus, il est parfait, un vrai volcan gris aux bords pentés à 40°, comme quand on les dessinait à l’école primaire. Il se permet même de cracher des panaches de fumée.
Le lever de soleil terminé, nous regagnons le village (moi et mes deux compagnons de route rencontrés plus tôt le matin-là). On enfile un nasi goreng (riz frit indonésien) et je repars me coucher.
Je me lève sans perdre de temps, nouvelle journée, nouveau sommet, je dois regagner le village de Ranu Pane, point de départ de l’ascension du Séméru. Je trouve une moto qui veut bien m’emmener, et après 2 heures magnifiques, à traverser la Caldera à observer les volcans, j’arrive au village de Ranu Pane. Les routes sont moins bonnes, les gens parlent moins anglais, le couchage est rustique et il n’y a pas d’eau chaude (je rappelle qu’on est en montagne, il ne fait pas chaud). On est un peu plus au cœur de la montagne indonésienne.
On me dit que le gouvernement exige un certificat médical d’aptitude pour effectuer cette ascension, je n’en ai évidemment pas. Et me voilà repartis en moto, à 1H de route, à la recherche d’une clinique, rapide excursion dans le système de santé indonésien. Je dis à l’infirmière que c’est pour le Séméru, elle me demande mon poids, ma taille, elle prend ma tension, me taxe de 10000 Rupiah (70 centimes d’euros), et hop, j’ai le sésame !
L’ascension démarrera samedi matin, tôt comme d’habitude, je me prépare psychologiquement à la difficulté de l’épreuve, je sais que la dernière partie est très difficile.
Le lendemain à 07h je m’enfile du riz (encore) avec des nouilles (encore) et un œuf (encore !), histoire d’avoir des sucres lents. Je demande à un guide de l’auberge de m’accompagner, vu que je pars seul. Il s’appelle Udu, et connait en anglais « It’s Ok », « One », « Two », « Slowly Slowly », avec lequel il va falloir composer.
Ce trek se fait normalement en 03 jours, mais je décide de à le faire en deux, pour pouvoir profiter de Yogyakarta la semaine prochaine. Cela me fait aller directement au camp de base du volcan, au pied de celui-ci, en évitant celui du lac, en contrebas.
Sur la route, des indonésiens qui sont partis plut tôt ce matin ont installé des postes de ravitaillement où ils proposent fruits, beignets, eau... Leur sens du commerce légendaire.
Le chemin serpente dans des paysages de forêts, tantôt tropicales, tantôt ressemblant à ce que l’on connait, composées de pins. Et puis le voilà qui apparaît…
Au détour d’un chemin, je tombe nez à nez avec le Séméru, il est énorme, son sommet est dans les nuages, c’est un mur, j’ai du mal à croire que je pourrais puisse arriver au sommet…
J’arrive à Kalimati, le camp de base au pied du volcan, il y’a déjà quelques tentes, uniquement des indonésiens. Je me rends compte qu’il existe une vraie classe moyenne en Indonésie, qui a les moyens, vu le niveau d’équipement des randonneurs présents.
Je monte ma tente, il est 13h, je tente de me reposer, je lis, je dors, la pluie fait son entrée, puis c’est le déluge. J’ai à ma droite le tonnerre, à ma gauche le Séméru qui gronde, le tout ponctué de temps à autre de secousses telluriques plus ou moins perceptibles.
Le réveil sonne… il est 00h00, et c’est reparti. Je m’habille, il fait bien plus froid que tout à l’heure, je peux dire que j’ai une sacrée flemme de sortir de mon sac de couchage.
Je me joins à un groupe d’indonésien et nous entamons l’ascension, tout d’abord en forêt, ça grimpe, mais les arbres aident bien. Et nous sortons de la lisière du bois pour arriver sur un paysage martien, sans aucune trace de végétation.
La lune est encore belle, elle permet sans soucis de distinguer la forme du Séméru dans le Noir. Il semble interminable. Nous commençons, et je comprends que ça ne va pas être tâche facile. Le sol est recouvert de cendre, je recule de la moitié de chaque pas que je fais. J’ai l’impression de remonter une piste noire dans la neige.
Pas après pas, je progresse, je monte, je m’aide de mes mains, c’est dur, j’ai envie des fois de me dire « à quoi bon, ce n’est pas grave si tu n’y arrives pas », mais je continue, guidé par les frontales de mes camarades de devant. 3 heures passent, je jette un furtif coup d’œil à mon GPS et je me rends compte que nous avons parcouru qu'un peu plus de la moitié, le moral en prend un coup !
Mais je continue, on voit l’ensemble des villes de Java Est, c’est beau, je suis seul, j’ai l’impression de monter dans l’espace. Je mets un coup de collier pour rejoindre un groupe, j’ai un coup de fringale, je leur taxe du thé bien sucré au gingembre et m’enfile une poignée de noodles, ça me mets un coup de boost assez puissant !
Nous continuons notre ascension, puis la cendre fait place à des rochers, le sol devient plus plat, on est arrivé, je n’y crois pas !
5h après le départ, nous sommes au sommet, le soleil commence à sortir ses rayons, nous voyons l’ensemble de Java Est, ainsi que Bali et Lombok. Nous dominons le parc national des volcans, c’est magnifique. Le Séméru crache en guise de bienvenue une énorme volute de fumée et de gaz, ce n'est pas le volcan le plus actif de Java pour rien !
Il porte son ombre sur les nuages, impressionnant. Seul occidental, je deviens l’attraction du sommet et enchaîne les selfies avec tous les randonneurs présents, de plus, j’ai pris mon drapeau Kanaky qui est une sacrée source de questions ! La fatigue aidant, je trouve même le moyen de le tenir à l'envers.
Il doit faire 5 degrés, je me gèle malgré toutes les couches enfilées. Nous décidons de ne pas tarder, et nous redescendons, en 40 min ! A fond dans la cendre ! Je plie campement, et redescends au village, 5 heures de plus. J’arrive exténué mais heureux de l’avoir fait.
Je décide de bouger tout de suite sur Malang, une grande ville, où j’écris ces mots, non sans peine, puisque aucun taxi moto ne voulait m'y emmener, trop loin disaient-ils, j'ai dut faire monter les prix pour avoir un taxi pour m'emmener à l'hôtel, trop fatigué pour me perdre dans les transports javanais, et ça faisait 4 jours que je n'avais pas pris de douche, c'est une région montagneuse glaciale et aucun habitant n'as d'eau chaude, je n'ai pas eu le courage de me glacer.
A l'hôtel, je me suis fait un bon steak avec des frites, et une bonne nuit de sommeil dans un lit bien confort, ça fait du bien et ça recharge les batteries avant d’attaquer la partie culturelle de Java demain, Yogyakarta où je pense que les sons vont être foisonnants !
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