Salut à tous.

Alors là, tout le contraste de la Birmanie en un post.

Nous sommes toujours avec John et Léa, deux français en tour du monde qui se sont joint à nous à Mawlaymine. Direction la petite ville de Kyaikto (mot compte triple), toujours en train. Toujours ces mêmes traversées de plaines, les quelques ponts que nous traversons surplombent des bras de rivières imposants, nous sommes proches de la mer. 

Je fais la connaissance dans le train d'un Pakistanais, dont j'ai malheureusement oublié le nom. Il est bijoutier, et malgré ses habits qui le ferait passer pour un simple homme, il m'exhibe une bague sertie d'un rubis brut énorme. Nous sommes en Birmanie, l'un des plus grands producteurs de gemmes et pierres précieuses de la planète.

Nous arrivons à Kyaikto et nous nous mettons à la recherche d'un logement. Nous tombons sur la Happy Guesthouse, meilleur rapport qualité/prix jusqu'à maintenant. Le soir nous mangeons au marché, au prix imbattable de 2,80 euros à quatre.

Charlotte a chopé la tourista à Hpa An après notre virée en moto. Ça s'éternise et ça l'affaiblit.

Malgré tout, nous décidons d'aller voir Golden Rock, un rocher à l'équilibre improbable, qui serait raccroché au sol par un cheveu de Bouddha et placé là par deux nats (esprits) il y a de ça 2500 ans. L'ascension se fait en camion, assez unique et authentique. C'est l'un des hauts lieux de pèlerinage du Bouddhisme Birman.

La Birmanie est en effet le pays le plus bouddhiste du monde, la proportion de moine dans la population et les fonds alloués à la religion dépassent tous ses voisins. Encore une fois, toute la contradiction de la société Birmane est là, avec des gens qui n'ont pas d'eau potable où qui vivent dans des habitats précaires, et qui viennent coller des feuilles d'or sur ce rocher.

Nous passons toute la matinée dans ce temple au milieu des birmans et des échoppes remplies de chinoiseries et de tissus. 

Le lendemain, nous décollons sur Bago, une ville à proximité de Rangoon, qui fait la jonction avec le Nord. Notre hôtel est encore une fois trouvé sur le fil. On négocie le prix pour avoir le même que la veille, par contre, au niveau salubrité, il faudra pas être trop regardant.

La ville compte un nombre impressionnant de Mausolées et autres temples. Nous grimpons au sommet d'une pagode gigantesque, pour une fois de plus, se rendre compte que la ville est dans la végétation et que seuls les nombreuses pagodes dépassent des arbres. Cela donne une vue magnifique, dans un coucher de soleil rougeoyant. Une image qui restera gravée dans ma tête, en attendant Bagan, la ville aux milles temples. Charlotte ne me suit pas ce soir. Chaque transfert est un effort, chaque lit est une délivrance.

Bago est une ville moyenne, nous sommes dans le centre, et c'est extrêmement bruyant. Le bruit de la rue est présent, compte tenu du fait que le klaxon est utilisé sans parcimonie, mais pour se signaler, avertir, s'énerver, dire bonjour...

Nous y passons une soirée, l'occasion pour nous de trouver le premier fromage français en 5 mois, de la Vache qui Rit, une sorte de madeleine de Proust salvatrice. Le lendemain, nous reprenons le train, direction Naypyidaw, la nouvelle capitale du Myanmar et plus de la Birmanie, sortie de terre en novembre 2005.

Le passage à Naypyidaw vaut le coup pour deux raisons : l'hallucinante disproportion du lieu et ses hôtels haut de gamme à petit prix.

C'est simple, Naypyidaw, c'est 70 fois la superficie de Paris intramuros (nan, ce n'est pas une faute de frappe). Une ville sortie de nulle part, au milieu de nulle part, construite dans le plus grand secret, pour d'obscures raisons. Certains disent, que c'est pour recentrer Rangoon. D'autres parlent de délire mégalomaniaque de la junte militaire au pouvoir, qui d'une part, craignait une invasion américaine de Rangoon, en bord de mer, à l'époque de la 2nd guerre en Irak et d'autre part souhaitait avoir une conception nouvelle de la ville, avec des avenues et des espaces permettant une répression facile face à toute rébellion. Certains parlent même de conseils astrologiques qu'auraient reçu les généraux. Le tout pour un coût de 4 milliards de dollars.

Le 06 Novembre 2005, la totalité des infrastructures d'état migrent dans la nouvelle capitale, les fonctionnaires sont transférés du jour au lendemain, de quoi intriguer. Seules les ambassades étrangères refusent la migration et restent à Rangoon.

Dans tous les cas, il faut le voir pour le croire. Des autoroutes 2x10 voies en desservent les principaux districts. Un disctrict pour les hôtels, un autre pour les logements, un pour les commerces, tous séparés de plusieurs kilomètres. Impossible de parcourir la ville à pied, il n'y a même pas de centre ville. Rien n'est à taille humaine, même pas les parcs.

Dans un pays où le niveau de vie n'est pas bien élevé, Naypyidaw compte un zoo, où les pingouins ont le droit à leur salle climatisée, six golfs, un planetarium, les seuls Malls que l'on ait vu de la Birmanie et une police ultra présente.

Et tout ça, est vide. Mais vide de chez vide. Les autoroutes sont vides, les hôtels sont vides, les malls sont vides... où l'impression d'être dans une sorte de Post Apocalypse digne des meilleurs films d'anticipations. A se demander le coût de maintenance d'une telle ville, arrosage automatique en pleine sécheresse, internet haut débit etc. Tout ce dont le reste du pays ne dispose pas.

Cette disparité est assez étonnante, surtout lorsque nous avons visité le musée des gemmes et autres pierres précieuses, un bâtiment flambant neuf, vide de touristes, et sa salle des marchés à côté. Ce musée nous à fait prendre conscience de l'incommensurable richesse de la Birmanie. Saphir, Diamant, Rubis, Or, Emeraude, Jade, un potentiel géologique incroyable, et des millions (voir milliards) de dollars en vitrine. Et une fois de plus, comme on pourrait se poser la question pour énormément d'autres pays aux ressources énormes : Où va l'argent ? 

Ci dessous, un enregistrement, en bord d'autoroute.