Katchanaburi - L'homme qui parlait à l'oreille des éléphants

Salut à tous ! 

10 jours sans posts de notre part, faut dire qu'on a passé beaucoup de temps à Bangkok, chez Fabien. Pas de posts sur la ville, parce que finalement, Bangkok, c'est quoi ? C'est une mégalopole sans fin, une ville épuisante mais d'un dynamisme fou. On y mange bien, nous avons pris un plaisir monstre à être au calme dans la piscine de la résidence de Fab', mais rien ne pourrait différencier Bangkok de Jakarta, sonorement parlant. Pas de sons donc, pas grand chose à dire dessus non plus... On pourrait vous parler des nuits endiablées, des Malls gigantesques, de la circulation en moto-taxi ou des marchés nocturnes incroyables, mais c'est finalement très proche de ce que nous avons vécu à Singapour, Kuala Lumpur et sûrement Ho-Chi Minh plus tard. 

Non, on va vous parler d'une rencontre, d'une journée incroyable, d'un moment magique, que nous avons vécu avec Charlotte, à Tong Pha Phum, à 4h de train et 1h30 de route à l'Ouest de Bangkok.

Nous quittons donc la fournaise et la folie Bangkoïte pour la campagne, on souffle un peu.

Le train serpente à travers les villages et les rizières, il fait beau et chaud... 

...

Le train s'arrête à Katchanaburi, ville au passé militaire et tourmentée. Et oui, on est sur la rivière Kwaï, la fameuse rivière du livre de Pierre Boulle, qui donna par la suite le film du même nom.

La guesthouse est superbe, elle flotte littéralement sur la rivière, et nous sentons le léger roulis aux grés des passages des bateaux, on y mange bien, et ça ne coûte pas cher, un havre de paix paisible, qui invite à la relaxation.

Le coucher de soleil dans la brume de chaleur de la fin d'après midi, sur la rivière Kwaï, me ramène devant tout ces monuments du cinéma de guerre, Apocalypse Now, Full Metal Jacket et autre Platoon, j'adore l'ambiance.

La région a été le théâtre de l'invasion japonaise pendant la 2nde guerre mondiale, où elle a enrôlé de force des dizaines de milliers de travailleurs asiatiques et prisonniers de guerre pour la construction de la voie de chemin de fer Thaïlande - Birmanie. On parle de plus de 100 000 morts à la tâche. Le mémorial donne une excellente image de l'exploitation de l'homme par l'homme, dans ce que ça peut donner de pire.

Il reste aujourd'hui une portion du chemin de fer d'origine, qui serpente à travers les montages, en empruntant certains des 800 ponts qui parsèment le tracé d'origine, au-dessus des vallées et des rivières. "Le train de la mort", tel est son nom.

Nous l'empruntons, levés 04H30, le train est remplis d'écoliers thaïlandais, nous sommes seuls blancs, des sourires agréables sont échangés, malgré la courte nuit. Il passe sur le pont de la rivière Kwai dans la brume matinale, on est en plein dedans. Terminus, Namtok.

Ken est là à l'arrivée, il travaille au Ganesha Park, il est d'origine Birmane. Nous sommes d'ailleurs à proximité de la frontière avec la Birmanie.

Sur la route nous faisons un stop au temple de Ganesh, où trône une énorme statut du dieu Elephant, où résonne en fond les mantra, écoutez les... leurs routines apaisantes, le bruit de l'eau, le battement d'aile des oies qui peuplent les lieux, ça détend...

Au détour d'une ascension, je tombe l'oreille sur un oiseau peu commun, très bavard, son chant me captive, si musical. Je m'assois, sort mon enregistreur, et me mets à siffler. Etonnamment, l'oiseau répond à chacun de mes sifflements, il me parle, s'ensuit une conversation assez surréaliste que vous pouvez entendre...

...

Toute la contradiction de la Thaïlande est là, avec d'un côté cette vénération qu'ils ont des éléphants religieusement parlant, et de l'autre la dureté avec lequel ils les traitent, et l'exploitation qui en est faite.

Ganesha Park, ce n'est pas un parc à éléphants à proprement parlé. C'est un refuge, un sanctuaire, une deuxième vie, une parenthèse dans leur existence tourmentée, mais aussi dans la notre.

Nous sommes arrivés ici par le biais de Cyril et Camille, le couple de français avec qui j'avais fait une partie de l'Indonésie. On ne s'attendait pas à être aussi émus par ces rencontres. C'était beau, incroyable, bouleversant et remplis d'amour entre un homme et des animaux majestueux. 

Le centre a été fondé par un Français, François, le genre de personnage, quand il a une idée, il ne laisse pas tomber. Une de ces volontés, un de ces rêves étaient de vivre avec les éléphants et les protéger. Ni une ni deux, il a pris femme et enfants et est venu s'installé ici. Un combat d'une vie, entouré de ces pachydermes d'âges compris entre 40 et 80 ans, un homme aux coeur gros et bienfaiteur, végétarien, écolo et aux convictions inébranlables.

Il a racheté (très difficilement compte tenu de la manne financière que cela représente), 6 éléphants femelles à différents centres et usines à touristes, dans des états pitoyables, et les a "réhabilitées". Elles reçoivent des câlins, 300 kg de mangeaille chaque jour au lieu de 30 dans leurs anciennes prisons, des balades et de l'admiration. Les journées se déroulent à leurs rythmes, tranquillement, entre jeux d'eau, ballades à cru et coucher de soleil sur le lac.

Nous avons eu cette chance. La chance d'avoir pu partager leur quotidien en prenant soin d'elles comme elles prennent soin de nous à leur façon. Nous nous sommes assis sur leurs épaules (endroit le plus fort de leur corps pour recevoir un poids), allongés sur leur tête, les jambes balancées par leurs pas lents et les clapotis des oreilles. Nous leurs parlions, les mahouts imitent les barrissements et elles répondent à leur tour, elles ronronnent, elles barrissent. Dans l'eau nous étions avec ces êtres énormes et puis nous tombions à l'eau lorsqu'elles plongeaient leurs têtes pour nous retrouver les yeux dans les yeux à la même hauteur avec le sourire jusqu'aux oreilles.  Nous fabriquions une seule grande âme à nous tous, éléphantes, mahouts, volontaires sur une semaine, et nous 4 (Cyril, Marie, Ben et Cha).

Ecoutez le craquement des branches sous leurs pas, leurs cris incroyables, leurs ronronnements, le bruit des bananiers broyé sous leurs dents, le bruit de la puissance de ces animaux.

C'était une expérience peu commune et bien différente. Elle marque un homme, une femme à jamais. Une masse si imposante, mais qui se déplace avec tant de grace, un tel regard, un tel rapport. On en est chamboulé et heureux.

Tu commences la journée ébahis et un peu effrayés, et tu finis avec un énorme goût de reviens-y.

Le prix est élevé, pour des voyageurs au long court comme nous cela représente un petit budget, mais nous n'avons absolument aucun regret.

Demain, on traverse la frontière, direction la Birmanie, pour de nouvelles aventures.

Katchanaburi - L'homme qui parlait à l'oreille des éléphants
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