Cambodge - La Green School Cambodia, un petit pas pour l'homme...
08 mai 2017Salut à tous.
Nous sommes arrivés au Cambodge il y a déjà deux semaines maintenant. La moto a complètement chamboulé notre voyage, car, en plus de donner une liberté de mouvement totale, elle permet de visiter un pays de l'intérieur, chaque arrêt se faisant hors des sentiers battus, les passages au garage sont toujours l'occasion de rencontres et la distance parcourue quotidiennement (de l'ordre de 150 à 200 km) oblige à prendre le temps, cheveux au vent, en slalomant entre les orages. En bref, c'est génial, on encourage les gens à se lancer sur la route, ça change tout.
Donc, après la remontée du Mekong jusqu'à Phnom Penh la capitale, nous sommes redescendus sur la côte Sud du Cambodge, d'abord Kampot pour son poivre mondialement connu et Sihanoukville pour sa vie nocturne et où nous avons rencontré encore des personnages hauts en couleurs, et où Charlotte à croiser l'ex beau-père d'une copine d'école, pendant la révision de la bécane. Nous avons décollé de Sihanoukville et après quelques kilomètres de pistes nous sommes arrivés à la Green School, à Keo Phos, petit village de pêcheur en bord de mer et où nous avons rencontré Stéphane, le créateur du projet.
Stéphane est l'une de ces rencontres que l'on fait en voyage et qui restera dans la tête. Il est de ces gens qui n'attendent pas des autres pour faire à sa place, un peu comme la rencontre de François au Ganesha Park qui s'était mis dans la tête de protéger les éléphants, Stéphane a décidé de venir en aide aux enfants du Cambodge et à leurs parents, en venant monter une école qui enseigne l'anglais et l'écologie.
Après la traversée de l'Europe jusqu'à Cap Nord sans argent, en négociant et troquant, après avoir accompagné une femme handicapée 4 mois sur la route, avoir parcouru l'Europe de l'Est avec un jeune toxicomane pour le faire décroché, Stéphane a enfourché son scooter, qui affiche aujourd'hui 97000 km au compteur, à travers l'Asie du Sud Est. Très loin des "zappeurs du voyage" qui enchaînent les pays, il est toujours resté longtemps dans les endroit visités, 3 mois en Indonésie, 7 mois en Thaïlande, 6 mois au Nord Laos, et toujours dans les endroits les plus reculés, auprès des tribus les plus isolées. Et toujours avec cette objectif, sensibiliser à la cause environnementale.
Stéphane à poser ses valises au Cambodge depuis quelques mois, c'est le troisième village où il tente l'expérience, les deux essais précédents s'étant confrontés à une certaine réticence de la population quant aux changements de comportements (il faut dire que comme beaucoup pays d'Asie, la vie Cambodgienne est régie par un nombre incroyable de règles, qui nous dépassent souvent, notamment en fonction du statut social, de ceux qui ont l'argent et ceux qui n'en ont pas. Tout ça pour dire que tu ne poses pas une poubelle comme ça, même si la démarche parait évidente.)
Aller vers l'autre, aider son prochain, y aller sans forcément des fortunes mais avec beaucoup d'envies, de courage, d'amour et de partage, tout ça est à des années lumières de la philosophie de nos "démocraties" modernes. Autant dire que les discussions allaient bon train, à refaire le monde, c'était vraiment bien.
On débarque donc le mardi de Sihanoukville, pour le premier cours de la rentrée de l'école du village, premier cours d'anglais, une quinzaine de petits cambodgiens est déjà là. Je ne me sens pas très légitime à l'idée de leurs apprendre l'anglais, mais je me rends vite compte que l'on va d'abord commencé par les bases, l'alphabet. A l'instar de ses voisins Thailandais, Birmans et Laotien, le Khmer s'écrit avec un alphabet dessiné, sans espace. Bien loin de nos 26 lettres. Alors, petit à petit (step by step comme ils se plaisent à dire ici), on apprend l'alphabet en chanson. On se rend vite compte que nos ardoises achetées à Sihanoukville ne sont pas de trop, vu le manque de moyens dont dispose les élèves ici. On leur explique les raisons de notre présence, et Dan, qui participe aussi au projet, fait la traduction. On se demande comment on ferait sans lui.
Passé la phase d'appréhension, nous nous prenons tous vite au jeu de l'apprentissage et ça en devient énormément plaisant. Stéphane en profite pour glisser deux ou trois mots sur l'écologie. L'idée n'étant pas de forcer les enfants à prendre soin de leur environnement, mais qu'ils prennent conscience de l'impact sur la nature Cambodgienne de cette invasion de plastique.
Et on a continué comme ça toute la semaine, entre cours d'anglais et d'alphabet, trois fois par jours, et nettoyage des lieux communs, une goutte d'eau dans l'océan comme certains diraient, mais bon, les petites rivières font les grands fleuves. Et le bouche à oreille a bien fonctionné, les enfants étant plus nombreux jours après jours, alors on a créé des jeux, on a essayé d'innover, pour rendre tout ça encore plus ludique, et ça a marché, en espérant que tout ça dure encore et encore.
Il faut dire que le Cambodge, comme la totalité des pays traversés depuis 7 mois, est envahi de ce fléau qu'on appelle plastique. Tout est emballé, sur-emballé, et ré-emballé. Ici, le jetable est roi. Gobelets, pailles, sachets, canettes, tout ça fini dans la nature, faute de servie de ramassage de poubelles. Il faut voir l'état des villages pour le croire, le plastique est partout, il jonche le sol, pollue les rivières, recouvre les plages, c'est une catastrophe, et le mot est faible. C'est devenu "une plante locale" comme s'amuse à le dire Stéphane.
La saison des pluies a un mois et demi d'avance cette année, et nous avons ici en Mai, un temps de Juillet. Doit-on parler de dérèglement climatique ? Au vu de l'impact que l'on voit depuis des mois de l'homme sur son environnement, on est en droit de se poser la question, il n'y a rien d'anodin.
Alors, tout les jours, à partir de midi, après s'être chargé toute la matinée, les orages tombent sur le sud Cambodge, accompagnés de leurs éclairs et autres roulements de tambours.
Et malgré tout ça, malgré le manque de moyens, malgré la misère financière et intellectuelle (comment reconstruire un pays où 3 millions de cambodgiens, dont une grande partie d'intellectuels, de professeurs et de diplomés, ont été exterminés lors du génocide Khmer rouge), malgré le poids de l'histoire et les rares promesses d'un avenir meilleur, malgré les coupures d'électricités et l'alcool de riz, et bien, malgré tout ça, on a recu une pluie de sourires, un accueil grandiose, autour d'un barbecue de fruit de mer, d'une chanson ou d'une histoire. Les gens ont été d'une chaleur magnifique, de quoi montrer l'exemple aux pourris gâtés de nos contrées, qui croulent sous le matériel à ne plus savoir qu'en faire, où on achète un portable comme on va faire ses courses. C'était beau, un moment hors du temps, au coeur du Cambodge hors des sentiers battus, un pays attachant, qui ne laisse pas indifférent.
Alors, merci Stéphane pour le travail abattu, merci Dan pour continuer à y croire, merci aux deux pour essayer faire bouger les choses, sans salaire et sans logement, et merci aux habitants de Keo Phos pour nous avoir accueillis chez eux comme à la maison. A la fin, beaucoup d'entre eux nous demandaient si on aller revenir un jour, j'aurais tellement aimé leur dire oui, mais on connait les promesses de voyageurs, elles sont difficiles à tenir. En tout cas, on sait qu'ils existent, le long d'un petit chemin, dans le Sud Ouest du Cambodge, et ça on oubliera jamais, car ils nous ont encore plus donné envie de nous bouger, à notre échelle, pour un monde un peu meilleur, aussi utopique que cela puisse paraître.
Et si un jour vous passez au Cambodge, n'hésitez pas à apporter votre coeur, sur Facebook "The Green School Cambodia".
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