Salut à tous !

Aujourd’hui je vous emmène au cœur de la géothermie indonésienne, après un constat un peu amer au précèdent post (Bukit Lawang - Au coeur de la forêt pluviale de Sumatra), je me suis retrouvé les jours suivants dans quelque chose de plus positif pour l’environnement !

Après 5 jours passés à Bugit Lawang au milieu de la jungle, je décolle avec Marvin, mon partenaire Allemand de Trek.Nous décidons de faire la suite ensemble. Nous roulons pendant sept heures de bus dont une énorme majorité au milieu des exploitations de palmiers à huile. Je ne kiffe pas des masses le trajet, je suis à l’étroit à l’arrière, je n’ai pas beaucoup de place, mais je prends mon mal en patience.

Nous arrivons à Berastagi ("Le magasin de riz" en Indonésien), ville montagneuse à l’histoire volcanique, au milieu d’une zone très active en ce moment. Sans hébergement, on se fait déposer à une auberge que nous conseille le chauffeur. Rustique mais efficace, nous partageons une chambre avec 2 lits double, nous faisons la connaissance de Mark, un anglais, qui nous suivra ensuite, et de Daniel, un allemand (encore !).

Sans perdre de temps, nous allons voir le Sinabung, c’est mon objectif ici. Mon pote Bastien a pris ici des photos magnifiques de sa dernière éruption en 2014.

Il trône dans le décor, culminant à 2500 mètres au milieu d’un paysage de plaines, il est toujours capricieux. Il génère encore aujourd’hui de façon aléatoire d’importants nuages de cendres (7000 mètres de haut en 2014). Il a encore cette année été responsable de 30 morts en juin et de 10 en Août, la plupart agriculteurs, touchés par les coulées pyroclastiques dévalant ses flancs.

Cela me fascine comme l’humanité s’est rapproché des volcans, aussi meurtriers soient-ils, ils sont aussi créateurs de sols fertiles à souhait. Les alentours du Sinabung sont des territoires agricoles où pullulent choux, oignons, pommes de terre, tomates, tarots, manioc, bananes, et fruits de la passion.

Le jour même de notre arrivée, une importante colonne de fumée à envahit le ciel et recouvert les alentours d’une pluie de cendres. Les gens balaient, les arbres ont les feuilles couleur suie et la vie continue.

Nous nous arrêtons au bureau de surveillance géologique, ils ont un oeil en permanence sur le Sinabung, le suivent de près. On voit une progression de son activité depuis les 6 derniers mois, ils s'attendent au pire. Le sismographe trace des pics tous les jours, en fonction des différentes secousses. Nous passons ensuite au village abandonnée au pied de la montagne, évacué en 2013 suite à une importante éruption, il est inhabité depuis, mais tout est encore là, ambiance fantomatique. Les 20 000 personnes évacuées sont logées dans des camps de fortune en ville, en attendant leur relogement dans des habitations financées par l'état l'année prochaine.

Après une bonne omelette indonésienne, "Martabak", farcie aux légumes et au piment, nous regagnons l'hostel. Le lendemain, 4h, une énième ascension matinale pour voir le lever du soleil depuis le sommet du Sibayak, autre volcan en bordure de la ville.

Bien que moins instable que le Sinabung, il y a de l'activité, au sommet un impressionnant spectacle de bouches évacuant de la vapeur sous pression dans un bruit de turbine, l'eau qui se trouvent dans les interstices boue comme sur la plaque. C'est magnifique, on sent que ça chauffe là-dessous... parfait pour les installations d'énergie géothermique qui se trouvent dans la vallée.

Et voilà où je voulais en venir. L'Indonésie, grand pays volcanique, possède d’immenses ressources d'énergie dans son sous-sol, toute cette puissance à exploiter, non polluante et efficace ! Un nombre importants de projets se montent à Sumatra, Java et Bornéo.

L'Indonésie est le 3ème producteur mondial d'énergie géothermique derrière les USA et les Philippines. Elle produit à elle seule 12 % de toute l'énergie géothermique de la planète.

L'Indonésie est dans le même temps un énorme générateur de CO2, car gros producteur et consommateur de charbon, mais aussi du fait des 800 000 hectares de jungle déforestée chaque année et de ses 240 millions de citoyens.

L'énergie géothermique ne représente que 3,5 % de la production énergétique de l'Indonésie.

Mais avec 40% des réserves mondiales sur son territoire, les choses sont en train de fortement s'accélérer et c'est plutôt positif.

Le gouvernement indonésien a décidé de faire de l'Indonésie le leader mondial de l'énergie géothermique, de réduire de façon considérable sa consommation d'énergie fossile et de diminuer de 25% ses gaz à effets de serre ! Elle s'y est engagée à Paris.

En 2014, l'Indonésie a revu sa législation modifiée afin de faciliter et d'accélérer les montages de projets géothermiques, leurs imposant des règles moins strictes que précédemment (auparavant, le montage de tels projets répondait aux mêmes règles contraignantes que l'activité minière, ce n'est plus le cas). Depuis, 44 nouvelles centrales ont vu le jour !

Ce qui est aussi bon à savoir, c'est qu'un indonésien consomme 10 fois moins d'électricité qu'un français.

Voilà, donc d'un côté y'a le pire de l'impact environnemental et de l'autres des projets qui vont dans l'autre sens. Tout n'est pas rose, mais tout n'est pas noir non plus, comme d'habitude.

Bonne écoute !