Salut à tous !

Aujourd'hui je vous emmène au Mariberdenska festival (littéralement "le festival du ska et du laisser être..."), moment attendu de mon séjour indonésien ! Un weekend où le meilleur a côtoyé le pire, mais c'est ça aussi le voyage !

Après 4 jours à Jogja pour une grosse dose de culture, j'ai pris le train pour Bandung, la Silicon Valley indonésienne, la ville la plus branchée du pays et troisième en termes d'habitants, la plus occidentalisée, la plus moderne. La première chose qui me marque en arrivant devant la gare, c'est qu'il y a beaucoup moins de voiles comparé à Java Est où j’étais durant les 10 derniers jours. On est dans une ville progressiste... J'ai pas mal discuté avec les gens de ma guesthouse ou sur le site du festoche, et j'avais rarement entendu de discours aussi athées (en Indonésie, la religion est inscrite sur la pièce d'identité, et l'athéisme n'est pas une option, mais dans les faits, il semble que ce soit un peu différent).

C'est ici que se trouvent les plus grandes universités du pays, beaucoup d'étudiants donc, et une vie nocturne qui essaye de se fondre au travers des mailles de la religion. Mais il y a pléthore de lieux sympas, d’après ce que j'ai pu  voir pendant maintenant 4 jours.

C'est aussi ici que s'est tenu en 1955 la conférence de Bandung qui a marqué l'entrée sur la scène internationale de 29 pays en faisant de l'Indonésie le fer de lance de cette conférence. Elle regroupait les pays du tiers-monde indépendants, africains, asiatiques et sud-américains, qui ne voulaient se joindre à aucun des deux grands blocs présents, mais j'y reviendrai dans un prochain post.

Ci-dessous une compil' reprenant une partie des artistes présents (ceux qui sont sur spotify du moins).

Le Mariberdanska festival est le plus grand festival de reggae et de ska d'Indonésie, c'est sa 12ème édition.

Comme vous le savez peut être, je suis musicien sur la scène reggae et ska de Calédonie (bisous à la bande au passage). Je m'intéresse donc un peu à ce qui se passe dans ce monde-là, et c'est comme ça que je suis tombé sur ce festoch', ici, personne ne connait, enfin, même si 0,01 % des indonésiens sont au courant, ça remplit un festival. Et après avoir discuté 2 jours avec eux, ils venaient de partout sur Java mais aussi de Bornéo, Sumatra ou encore des Moluques !

Depuis mon arrivée à Bali le 07 Novembre, Bandung est mon objectif pour le 26 et 27 novembre. J'ai entre temps réussis à motiver mes deux compatriotes français Cyril et Camille pour y aller. Nous trouvons une auberge super cosy à proximité du site (et la plus chère depuis le début du voyage... Bandung n'est pas donné dans cette zone), et débarquons le samedi matin au pied des scènes. A 40000 rupiah (2,70 euros, ou 331 FCFP) le pass 2 jours... imbattable ! Le site se situe au Nord de Bandung, en pleine ville ! 

Alors il y a pas mal de choses bien différentes de chez nous pour un festival, et c'est toujours intéressant de comprendre comment ça fonctionne, et ce qui relève de la logique et de la grande hypocrisie.

Ce que nous avons découvert en arrivant, c'est que le festival est sponsorisé par une énorme marque de kreteks (clopes à la girofles), l'équivalent de gauloise chez nous. Donc ils font en quelques sortes du prosélytisme et du green-washing pour leur produit. Personne n'a le droit de ramener d'autres marques de cigarettes à l'entrée, la sécurité fouille les gens et jette les paquets de toutes les autres marques, mais une fois passé le portique de sécurité, une horde d'hôtesses propose des clopes à tous les festivaliers, hallucinant ! Surtout que la moyenne d'âge est assez jeune. on en a vu passer au milieu de groupes de jeunes de 13 ans pour les inciter à essayer, elles n'arrêteront pas de la soirée... voilà, la prochaine génération de fumeurs est née (en Indonésie, 57% des hommes fument).

Bon, on se rend compte que la bière est interdite sur le site, religion musulmane oblige (par contre, pour les clopes, allez-y !), mais on s'en doutait, ça C'était pour le côté moins cool.

Par contre pour le côté cool, on est servi, ambiance festive à souhait, du ska de qualité comme on l'aime, c'est cuivré, c'est enjoué, magnifique, le niveau est top. Le peuple indonésien est étonnamment ska et reggae, les gars sont lookés comme les vieux standards de Two-Tone ou de Rocksteady. Ils fonctionnent par associations et fan-club de ska venus des 4 coins du pays, et effectuent des chorégraphies tous ensemble. Je suis épaté et servis par tout cet esprit ska qui éclate, je ne pensais pas trouver le peuple le plus ska que j'ai vu, à Bandung, en Indonésie ! Tous les drapeaux d'Indonésie sont aussi présents.

Nous sommes les 3 seuls occidentaux de tout le site, nous enchaînons les selfies avec énormément de jeunes, c'est un truc de fou, nous sommes une attraction, l'esprit est bon enfant, aucun regret d'avoir fait le chemin, c'est génial ! 

Nous dansons tout l'aprèm', voyant s'enchainer les groupes locaux avec de très (et moins) bonnes surprises, mais dans l'ensemble ça envoie ! Et puis vient l'heure de la prière, 45 minutes de pause au milieu de la programmation... décidément, toujours difficile pour moi d'accepter à ce que ça soit imposé, mais ce n'est pas le débat... nous ne voyons que très peu de jeunes sur les 20000 festivaliers présents prier... 

Nous décidons d'aller reprendre des forces à l'auberge, nous croisons des allemands, des australiens et des hollandais. Nous mettons un gros coup de motiv' à tout le monde et hop, nous repartons une heure après, après quelques bintang fraiches (bières).

Le soir c'est Shaggy Dog qui passe, tout le monde connait, c'est la folie, un bordel monstre... un mouvement de foule, des jeunes nous rentrent dedans, ça pogote pas mal, je sens un jeune à côté de moi, et il s'en va, je mets la main à ma poche, plus de téléphone... l'enfoiré ! Ou comment se faire voler connement après 3 minutes de soirée... bon, ce n'est qu'un téléphone, j'ai pris mes précautions, je pourrais tout récupérer... et d'un coup je me sens libre, c'était finalement le seul truc un peu précieux que j'avais... maintenant je me suis affranchis de ça, je vais pouvoir encore plus profiter ! 

La journée de Samedi s'achève avec le Island roots des Néo-Zélandais de Katchafire, magique ! Tout le monde connait les paroles, hallucinant...

Nous remettons ça le lendemain après une bonne nuit de sommeil, toujours de superbes surprises même si je suis un peu refroidi de ma mésaventure de la veille à tête reposée. Je retiendrais Tipe-X, apparemment très populaire ici, une sorte de Ska-P local, très engagé, déguisé, aux sonorités punks et ska... tout le monde connait aussi, et c'est vraiment exaltant ! Le festival finit sur les américains de Save Ferris, avec énorme spectacle pyrotechnique, le cigarettier aura réussi son opération com' en se donnant une image cool et festive.

Nous finissons le festival, puis rentrons à notre hôtel, sur la route nous nous arrêtons goûter le Arak, l'alcool de coco fermentée, en compagnie de jeunes rudes boys indonésiens. Industriel et en bouteille sous vide, nous sommes confiants et nous nous enfilons la bouteille de 33 cl, c'est pas ultra bon, et c'est assez fort, mais ça a le mérite d'exister...

2 jours de tourista après (mais je ne suis pas tout seul de ce cas ça me rassure), je trouve la force d'écrire ces mots, ça va mieux... mais c'était un peu la montagne russe ce weekend...

Mais le festival en valait vraiment la peine ! Quelle énergie !

Et pour voir la programmation complète, c’est ici :