Salut à tous,

Le Laos, je ne connaissais pas, je ne savais pas à quoi m'attendre. Contrée méconnu d'Asie du sud-est, dont c'est le pays le plus pauvre, le Laos est la grande inconnu quand nous y arrivons par voie terrestre avec nos bécanes. Bastien y a passé quelques temps dans le Nord il y a de ça 4 ans, et pour Mika et moi, c'est une première.

Déjà, la douane, je ne vais pas revenir dessus, mais quelle galère, entre les sois-disant papier que nous n'avons pas de Phnom Penh, les dollars à chaque tampon qu'ils nous demandent, j'ai l'impression d'être dans les 12 travaux d'Astérix, 3h30 de galère plus tard et nous passons enfin au Laos. 

Première étape, Don Det, une île sur le Mekong, dans cette zone qu'on appelle "les 4000 îles", l'endroit où le Mékong, fleuve mythique et inscrit dans l'imaginaire collectif prends tout son sens.

Le Mékong fait parti de mon environnement depuis maintenant plus de 3 mois, je l'ai pris à l'envers. D'abord au Vietnam en bateau dans son Delta lors d'une croisière sur ses eaux paisibles au milieu de ses villages flottants, puis en moto lors de notre premier voyage motorisé depuis Saïgon, où nous sommes descendus dans le sud du pays pour ensuite longer sa rive gauche jusqu'à Phnom Penh au Cambodge.

Nous l'avons ensuite retrouvé lors de mon second voyage motorisé à proximité du Lac Tonle Sap , le plus grand lac d'Asie du Sud Est, au centre de la nation Khmer, pour ensuite le suivre de nouveau à partir de la ville de Stung Treng jusqu'au Laos et les 4000 îles. 

A l'heure où j'écris ces lignes, nous venons d'achever une étape de 240 kilomètres entre la ville de Pakse et et Savanakhet, où le Mékong fait office de frontière naturelle entre le Laos et la Thaïlande, nous l'avons longé tout le long. Nous voila donc de nouveau sur ses rives, et de l'autre côté, je vois la Thaïlande nation que j'avais quitté en Février, une sorte de boucle qui s'achève.

Les 4000 îles, ou "Si Phan Don" en Lao est un Archipel d'îles plus ou moins habitées situé à l'extrême sud du Laos. Ses habitants vivent avec le fleuve, il est le compagnon de vie, le fleuve nourricier, irriguant, capricieux et poissoneux. Ici le temps semble s'être figé, le rythme est à part, quand nous arrivons sur notre radeau de fortune, sous la pluie, le village est désert, l'ambiance est fantomatique.

Nous nous trouvons une petite cabane sur la rive pour deux jours, chez Juliette, Française qui vit au Laos depuis 6 ans, un peu ermite sur les bords mais adorable. On est en pleine saison des pluies, il pleut tout les jours, il y'a peu de touristes, les laotiens sont aux champs et plantent le riz. Les rizières sont vertes de ces nouvelles pousses, les cascades sont emplies d'écumes, le ciel est noir, tout ça donne un cachet et des ambiances incroyables au lieu. On trouve l'accueil auprès des locaux néanmoins un peu froid et austère comparé au Cambodge récemment traversé. Juliette nous explique que le comportement de la jeunesse Backpackeuse Australienne pendant la saison haute et qui a fait de l'île son spot de beuverie y est pour beaucoup.Le Laos a connu ces dernières années de sombres épisodes mettant en scène cette jeunesse occidentale avide d'expériences, dans des pays sans règles, où la liberté peut sembler totale (les fameuses bouées de Vang Vieng et leur lot de décès par exemple).

On sent donc un accueil un peu glacial, les prix sont donc âprement négociés, l'arnaque n'est jamais très loin, et on ne se sent pas forcément à l'aise. Mais bon, nous n'y prêtons pas attention et parcourons l'île en bécane à la recherche des rapides, cascades et anciens vestiges de l'occupation Française du milieu de siècle dernier.

Avec 4800 kilomètres de long depuis sa source de l'Himalaya et plus de 70 millions de personnes dépendant directement de lui, le Mekong est le fleuve roi de l'Asie du Sud-Est, il charrie une quantité énorme de Limon, fertilisant les sols de Chine, de Birmanie, de Thaïlande, du Laos, du Cambodge et du Vietnam.Toute une vie entoure le fleuve, nous y prenons part l'espace d'un instant. Il est le lieu de vie d'espèces de poissons gigantesque, et bien qu'il ne soit que dixième par sa taille et quatorzième par son débit sur la planète, c'est le numéro un en terme de Biomasse et d'espèces de poissons. Certains pêcheurs racontent même que le Mékong peut fournir une tonne de poisson par homme les bons jours !

Alors on se laisse aller au rythme lancinant des lieux, entre lecture, sieste et réflexion. J'écoute un vieil homme qui fredonne une comptine dans son hamac. Il fredonne, puis j'entends la pluie arriver, d'abord une goutte, puis deux, et puis c'est le déluge sur les tôles. Je vous invite à écouter ce moment, c'est un peu long (5 minutes), mais laissez vous transporter à ses côtés.

Samedi 15 juillet, nous décollons des 4000 îles direction Pakse, grande bourgade et capitale du sud, aux portes du plateau des Bolovens, que l'on parcourt sous des trombes d'eau, la jungle est noyée dans la brume et les cascades sont énormes et chargées. c'est magnifique, ça a un côté sauvage qui nous explose au visage. La Laos nous ouvre doucement ses portes, les sourires reviennent sur les visages. Le temps n'est pas de la partie mais cela participe à l'ambiance générale, le Laos est un pays vaste, vide, à la nature exubérante !

Nous rencontrons la communauté Français de Pakse au restaurant "La Terrasse", la diaspora Laotienne installée en France et revenue au Laos donne un côté Francophone étonnant à ce pays, nous rencontrons de nombreux bilingues aux parcours étonnants lors de nos haltes forcées pour s'abriter des caprices de mère nature.

Nous continuons la route sur Ventiane, à notre rythme. Les motos tiennent la route, on touche du bois, les K-Way jouent leurs rôles, et nous, on garde le sourire, c'est bien le principal. Nous quittons les plaines, demain on s'attaque à la boucle de Thakek, mythique étape en moto sur 3 jours à travers les montagnes. 

Pour étayer un peu la bibliographie, si certains sont intéressés par ce fleuve mythique, ce site est très bien fait et regorge de données super intéressantes.